Après le succès de l’édition 2023 qui a primé « Les aurores incertaines » de Samuel Forey (Ed. Grasset), la Ville de Biot a le plaisir de présenter les six auteurs présélectionnés pour le Prix littéraire Stéphane Frantz di Rippel* édition 2024 qui récompense le journalisme de reportage sur le terrain.
Pour la troisième édition, quatre prix seront décernés :
•le prix du Jury attribué par une douzaine de journalistes professionnels issus des différents médias français nationaux et régionaux,
•le prix de la Ville de Biot
•le prix des lecteurs Nice Matin décerné par un panel de lecteurs du quotidien Nice Matin.
*Le Prix Stéphane Frantz di Rippel a été créé en mémoire du directeur du Novotel d’Abidjan en Côte d’Ivoire où il est nommé en 2009. Le pays est alors en en pleine crise et l’hôtel est occupé par de nombreux journalistes français, venus couvrir les soulèvements post-électoraux. Le 4 avril 2011, des miliciens armés proches de Laurent Gbagbo entrent dans l’hôtel et demandent à Stéphane s’il loge des journalistes. Il nie leur présence et les cache ; pour cet acte de bravoure qui les sauvera, il est kidnappé avec trois autres hommes d’affaires. Il sera ensuite torturé à mort. Son décès est annoncé le 2 juin 2011 mais son corps ne sera jamais retrouvé
Les livres en compétition pour l’édition 2024 :
« Cinq ans dans la Chine de Xi Jinping » de Frédéric Lemaitre (Edition Taillandier)
En Chine, tout est politique. Plus autoritaire, on sous-estime à quel point la « nouvelle ère » de Xi Jinping est différente des décennies précédentes. Certes, la croissance ralentit, le chômage augmente et l’hypothèse d’une guerre autour de Taïwan inquiète. Pourtant, la majorité des Chinois a le sentiment d’habiter un pays moderne où il fait bon vivre. Le modèle occidental ne les fait d’ailleurs plus rêver. Dans ce voyage à travers le pays, le journaliste croise aussi bien des artistes qui naviguent à l’intérieur du système que des membres du Parti qui n’en peuvent plus ; des bourgeois qui rêvent d’envoyer leur enfant à l’étranger et leurs enfants qui n’ont aucune envie de partir ou des jeunes, fatigués de la pression, qui décident de « rester allongés ». Avec un oeil aiguisé, Frédéric Lemaître nous éclaire au vu des événements et de ses rencontres sur cette société chinoise, paradoxale et résolument moderne.
Frédéric Lemaître est journaliste au Monde. Successivement chef du service économique, rédacteur en chef, puis correspondant à Berlin, il a été en poste à Pékin de 2018 à 2023.
« DGSE, la fabrique des agents secret » de Jean Christophe Notin (Edition Taillandier)
Une caserne d’apparence quelconque, à l’est de Paris. Les automobilistes qui empruntent le boulevard Mortier ne la remarquent même pas. C’est le but. La DGSE n’aime rien tant que la discrétion, pour ne pas dire le secret, gage de la réussite de ses opérations à l’étranger. Ce livre marque un événement tout à fait exceptionnel. Pour la première fois de son histoire, pendant plusieurs mois, la DGSE a ouvert ses portes à Jean-Christophe Notin et son équipe. Une vingtaine d’entretiens ont pu être menés, à tous les échelons de la hiérarchie, du directeur général aux experts de la contre-prolifération et du contre-terrorisme. Pour la première fois également, des membres en fonction racontent une affaire majeure qui a tenu la DGSE en haleine durant quinze ans : la traque des terroristes djihadistes au Sahel.
Jean-Christophe Notin est l’auteur de nombreux ouvrages tant sur la Seconde Guerre mondiale (La Campagne d’Italie, 2002 – Leclerc, 2005), que sur les conflits récents (La Guerre de l’ombre des Français en Afghanistan, 2011 – La Guerre de la France au Mali, Tallandier, 2014). Son dernier livre, Les guerriers de l’ombre (Tallandier,2017) a connu un succès retentissant.
« Le cri de la forêt » de Guy Lagache (Edition du Rocher)
Deuxième poumon vert de la planète, la forêt du bassin du Congo se meurt. Chaque année, un demi-million d’hectares disparaissent. Une région est particulièrement touchée : le Kivu, en République démocratique du Congo à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda. Un des territoires les plus pauvres du monde, mais aussi, paradoxalement, un des plus riches, par ses ressources naturelles qui suscitent de nombreuses convoitises, depuis les groupes armés jusqu’aux multinationales.
Au contact du peuple autochtone, des milices rebelles, des trafiquants de bois, et de celles et ceux qui se battent contre la déforestation, Guy Lagache s’est immergé dans les entrailles de cette forêt, sa part de folie, ses dangers, sa beauté. Il a enquêté, afin de comprendre : qui ravage la forêt et pourquoi ? Quels trafics se cachent derrière cette catastrophe écologique ? Comment mettre fin à ce désastre et préserver les équilibres vitaux de la Terre ?
Guy Lagache est journaliste et réalisateur. Après avoir écrit et réalisé le documentaire Un président, l’Europe et la guerre (France 2) en 2022, il fait aujourd’hui de l’impact des questions climatiques sur notre vie l’un des principaux sujets de ses films. Il est l’auteur, entre autres, de « Terres d’Urgence », une collection documentaire diffusée sur Ushuaïa TV. Il a publié un roman, Une Histoire Impossible (Grasset).
« La France des gourous » d’Etienne Jacob (Edition du Rocher)
En se présentant comme un jeune homme en quête de sens, Étienne Jacob a pu infiltrer différents mouvements sectaires. Pendant plus d’un an, afin de côtoyer gourous et adeptes, il s’est fait passer pour le petit nouveau passionné, la proie facile de potentiels manipulateurs. Ceux qui croient aux extraterrestres et cherchent à atteindre la supra-conscience, ceux qui pensent guérir le cancer par la méditation ou le manger cru, ceux qui aident les hommes à s’éveiller à leur pleine maturité par des stages d’une rare violence… L’auteur a vu de l’intérieur le processus d’emprise mentale, de captation financière et de prosélytisme agressif. Chez les scientologues, il s’est même infligé une séance de dianétique, dont il n’est pas ressorti indemne.
Étienne Jacob, Journaliste au Figaro, traite régulièrement des dérives sectaires. En 2021, il a publié aux éditions du Rocher : Enquête sur La Famille, une mystérieuse communauté religieuse.
« Je suis la femme du plateau » de Marie Portolano (Edition Stock)
« Il y a un peu moins d’un an, ma vie a changé. J’ai écrit et coréalisé un documentaire qui traitait du sexisme systémique et du harcèlement sexuel dans les rédactions sportives en France. Pour moi, pour les rédactions, pour les intervenantes et pour certains hommes, la sortie du film a été une déflagration. Des enquêtes internes ont été dirigées dans les grandes rédactions sportives, des hommes ont été ciblés, certains ont été licenciés, entendus dans des enquêtes judiciaires.
On m’a proposé il y a quelques mois de poursuivre ma réflexion sur le sujet et d’en faire un essai. Non, je ne suis pas légitime pour écrire sur la place des femmes à la télévision, je ne suis pas assez engagée, je ne suis pas la bonne personne. Pour l’heure, je me concentre sur des plans concrets. Aujourd’hui, j’ai un rendez-important. Mon interlocuteur me parle de lui, de sa longue carrière, jusqu’à sa nomination à la tête d’une rédaction. Et puis il évoque mon parcours, ce que nous pourrions faire ensemble. Il me dit être fan de football et me suivre depuis des années. Quand soudain, cette phrase. “Et puis, j’ai vu ton documentaire alors je me suis dit, c’est formidable, cette fille a aussi un cerveau.” Cette phrase. Elle est comme une gifle.
Devant mon air ébahi, il tente une blague et passe vite à autre chose. C’est trop tard. C’est cette phrase qui me convainc instantanément d’écrire ce livre. Le travail est loin d’être fini. En fait, il ne fait que commencer. »
Marie Portolano, est une journaliste sportive et présentatrice de télévision française.
« Une terre doublement promise » de Pierre Haski (Edition Stock)
« Le massacre du 7 octobre dans le sud d’Israël, commis par des terroristes venus de la bande de Gaza, a ouvert une crise majeure, historique, aux répercussions mondiales. La guerre israélienne contre le Hamas n’en est qu’un des aspects. Mais l’histoire n’a pas commencé le 7 octobre. Cet événement tragique s’inscrit dans un contexte et une histoire qui se brouillent dans le flot d’informations et d’émotions générées par la guerre. Ce livre se propose de revenir sur le temps long de l’histoire, en se basant sur une expérience de quatre décennies. J’ai fait mon premier reportage dans cette région en 1982, à Gaza justement, où j’ai suivi les funérailles du président égyptien assassiné Sadate à la télévision égyptienne, dans la maison du représentant officieux de Yasser Arafat… J’ai été correspondant de Libération à Jérusalem au moment de la seule tentative de paix israélo-palestinienne du dernier siècle, les accords d’Oslo de 1993, symbolisés par la poignée de mains Rabin-Arafat. J’ai suivi et documenté chaque étape de cette histoire chaotique, jalonnée de moments dramatiques – le massacre d’Hébron, l’assassinat de Rabin, etc – et d’autres périodes d’espoirs vite déçus. »
Pierre Haski, est un journaliste français. Ancien correspondant en Afrique du Sud, au Moyen-Orient et en Chine pour l’Agence France-Presse puis pour le journal Libération, cofondateur du site d’information Rue89, il devient président de l’association Reporters sans frontières en 2017